Les aventures du Baron de Crac

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Lieu : Paris, France

Un Collet noir, presque dandy, anarchiste aristocrate.

dimanche 30 décembre 2007

Critique

"Si tout un chacun connaît, et souvent sans même les avoir lues, les Aventures du Baron de Münchhausen, et leur publication offre au fil des pages le plaisir délicieux du déjà-vu, on ignore presque toujours son auteur, tant la figure du Baron semble appartenir au fonds immémorial des menteurs et hâbleurs. Sans entrer dans le détail de la genèse et des avatars de cette figure qui a bel et bien existé, il vaut la peine de noter que son “inventeur” allemand, Gottfried August Bürger, connu de toute l’Europe pour ses ballades, appartenait au cercle de Georg Christoph Lichtenberg. Comment ne pas rêver que les aventures du vrai Baron, avant de connaître leur forme définitive, furent, au cours de soirées copieusement arrosées, réinventées et amplifiées et que l’auteur des Aphorismes mit la main à certains des épisodes les plus absurdes."
Patrick Cassou, Le Mensuel littéraire et poétique, n°264.

"Les Aventures du baron de Münchhausen n’ont pas inspiré pour rien quelques cinéastes, de Georges Méliès à Terry Gilliam ou une copie française du nom de Monsieur de Crac. Pourquoi donc cette fantaisie débridée tient-elle si bien la route et délivre-t-elle du plaisir à chaque page ? (...) Dense, le texte est d’autant plus agréable qu’il ne se passe pas un seul instant sans que survienne le plus inattendu. C’est un festival, un feu d’artifice. Et on se réjouit d’en trouver d’autres dans cette nouvelle collection."
Pierre Maury, Le Soir, 20 janvier 1999.

"Le troisième volume de cette jolie collection “Merveilleux” – la réédition, dans la traduction de Théophile Gautier fils, des Aventures du Baron de Münchhausen – illustre avec faste la section des “voyages imaginaires”."
Jacques Baudou, Le Monde, 25 septembre 1998.

"Un bon conseil : ne laissez pas filer sur son boulet de canon ce Tartarin d’Outre-Rhin, il vaut le détour."
Inter CDI, Janvier/Février 1999.

"Si votre enfance a été privée de l’incroyable livre de G.A.Bürger, il est enfin temps de combler ce manque grâce à cette publication des Aventures du baron de Münchhausen dans une nouvelle collection – Merveilleux – que lancent les éditions José Corti. Les récits du plus fameux mythomane de la littérature du 18e siècle sont succulents de drôlerie et ses délires fricotent avec l’hystérie hallucinée d’un Tex Avery au mieux de sa forme. Les histoires n’ont pas pris une ride et font comprendre au lecteur d’aujourd’hui l’influence d’un tel personnage, un pur déjanté, dans l’œuvre, par exemple, d’Italo Calvino. À votre tour, priez donc pour que le Baron vous bourre le crâne de sa folie contagieuse. Irrésistible ! Avec, en prime, les illustrations de Gustave Doré."
Philippe Fusaro, Polystyrène, octobre 1998.

"Pour beaucoup, Münchausen demeure un personnage de pure fiction vivant des aventures invraisemblables. Durant sa campagne contre les Turcs, le truculent baron voyage sur un boulet de canon afin d'enfoncer les lignes ennemies, quand il ne rejoint pas la Lune de la même manière… Mondain, reçu dans les cénacles de la bonne société de Hanovre, Münchausen divertit ses hôtes par son don d'éloquence, ce remarquable talent de conteur où il met en scène ses aventures picaresques, guerroyant tantôt contre les musulmans ou bien chassant des bêtes, ô combien féroces, dans les steppes glacées du nord de l'Europe.
Contribuant à sa légende dorée, les gazettes anglaises et françaises se font l'écho de ses exploits. Outre-manche, ce polyglotte parlant l'allemand, l'anglais et le français est perçu comme un scientifique de renom doublé d'un aventurier… Et c'est grâce à la littérature que le singulier baron va être rattrapé de son vivant par la légende, devenant un héros populaire du patrimoine germanique au même titre que le Petit Poucet des frères Grimm.
Bientôt pourtant, quoique mythomane, celui que ses contemporains surnomment « le baron du mensonge » se rebelle contre ces histoires par trop abracadabrantes dont il ne reconnaît aucunement la paternité ! il devient un vieillard aigri et méfiant… Ayant contracté la fièvre typhoïde, Hieronymus meurt trois ans plus tard. Mais sa vie tumultueuse a depuis longtemps déjà rejoint la légende…"
Point de vue, mai 2002, Gilles Jacques.

jeudi 27 décembre 2007

Extrait

"J’entrepris mon voyage en Russie au milieu de l’hiver, ayant fait ce raisonnement judicieux que, par le froid et la neige, les routes du nord de l’Allemagne, de la Pologne, de la Courlande et de la Livonie, qui, selon les descriptions des voyageurs, sont plus impraticables encore que le chemin du temple de la vertu, devraient enfin s’améliorer sans que l’aide gouvernementale ne soit trop élevée. Je voyageais à cheval, ce qui est assurément le plus agréable mode de transport, pourvu toutefois que le cavalier et la bête soient bons : de cette façon, on n’est pas exposé à avoir d’affaires d’honneur avec quelque honnête maître de poste allemand, ni forcé de séjourner devant chaque cabaret, à la merci d’un postillon altéré. J’étais légèrement vêtu, ce dont je me trouvai assez mal à mesure que j’avançais vers le nord-est.
Représentez-vous maintenant, par ce temps âpre, sous ce rude climat, un pauvre vieillard gisant sur le bord désolé d’une route de Pologne, exposé à un vent glacial, ayant à peine de quoi couvrir sa nudité.
L’aspect de ce pauvre homme me navra l’âme ; et, quoiqu’il fît un froid à me geler le cœur dans la poitrine, je lui jetai mon manteau. Au même instant, une voix retentit dans le ciel, et, me louant de ma miséricorde, me cria : “Le diable m’emporte, mon fils, si cette bonne action reste sans récompense.”
J’en restai là de cette affaire et continuai mon voyage jusqu’à ce que la nuit et les ténèbres me surprissent. Aucun signe, aucun bruit qui m’indiquât la présence d’un village : le pays tout entier était enseveli sous la neige, et je ne savais pas la route.
Harassé, n’en pouvant plus, je me décidai à descendre de cheval ; j’attachai ma bête à une sorte de pointe d’arbre qui surgissait de la neige. Je plaçai, par prudence, un de mes pistolets sous mon bras, et je m’étendis sur la neige. Je fis un si bon somme, que lorsque je rouvris les yeux il faisait grand jour. Quel fut mon étonnement, lorsque je m’aperçus que je me trouvais au milieu d’un village, dans le cimetière. Au premier moment, je ne vis point mon cheval, quand, après quelques instants, j’entendis hennir au-dessus de moi. Je levai la tête, et je pus me convaincre que ma bête était suspendue au coq du clocher. Je me rendis immédiatement compte de ce singulier événement : j’avais trouvé le village entièrement recouvert par la neige ; pendant la nuit, le temps s’était subitement adouci, et, tandis que je dormais, la neige, en fondant, m’avait descendu tout doucement jusque sur le sol ; ce que, dans l’obscurité, j’avais pris pour une pointe d’arbre, n’était autre chose que le coq du clocher. Sans m’embarrasser davantage, je pris un de mes pistolets, je visai la bride, je rentrai heureusement par ce moyen en possession de mon cheval, et poursuivis mon voyage."